Journaliste presse écrite, web et radio. Je vois, je sens, j'écoute, je raconte, je divague.
« La 26 fenêtre, elle mange pas ! ». La 26 fenêtre, c’est moi. 26 parce que j’occupe la chambre n°826, au 8e étage. Et fenêtre, parce que mon lit est près de la fenêtre. Ma coloc, 26 porte, est partie vers 13h.
Dans le couloir, j’entends le va et vient des aides soignants qui distribuent les plateaux repas. « t’as donné son médicament à Monsieur 27 porte ? ». On est des numéros, certes, mais ils disent monsieur quand même. C’est ça le respect. Ce soir, j’aurais une nouvelle Madame 26 porte pour coloc. J’espère qu’elle sera aussi discrète que la précédente.
Donc, je ne mange pas. Pas que j’en n’ai pas envie, ah non, non, non. Je n’ai pas le droit. C’est mon traitement ici, la diète. Le jeûne total. Quand je bossais pour Psychologies Magazine, une semaine de jeûne, j’imaginais plutôt la faire en marchant dans la montagne, avec un guide qui nous apprend la méditation et tout ça. Pas dans une chambre d’hôpital avec le bras raccordé à une perf qui délivre au compte goutte tous les nutriments nécessaires pour ne pas se jeter sur le premier burger qui passe (cela dit, j’ai été bien attentive, et j’en ai pas vu passer un seul, de burger. Des cafards, en revanche, si. Le brancardier ne m’avait pas menti hier. Mais j’ai pas encore faim à ce point-là).
Depuis 36 heures que je suis là, j’ai juste eu ça comme traitement. Le jeûne. Pour le reste… L’aide soignante du soir (à qui j’ai quand même réussi à soutirer un p’tit calmant pour cette nuit, c’est une bonne âme) m’a expliqué qu’ici, à la Timone « personne ne sait jamais quand auront lieu les examens. C’est pénible pour tout le monde, mais c’est comme ça », m’a t-elle dit, toujours aussi désolée et blasée qu’hier soir.
Demain, Inch Allah, j’aurais donc une écho. Et peut être même un scanner (mais faut pas trop rêver quand même, si j’ai bien compris). Ce serait cool parce que moi, je ne sais toujours pas trop pourquoi je suis là, et je ne cracherai pas sur une ou deux explications.
En attendant, je mate des épisodes de Grey’s Anatomy. Et j’essaye de deviner si, comme dans Grey’s, il y a ici un placard avec du matos médical dans lequel le personnel se retrouve pour baiser entre deux opération de 12h à cœur ouvert. Et vu comme l’aide-soignant de l’après midi est yummy, j’espère que c’est le cas. Demain, promis, j’irai voir et je vous dis.